Petit
Historique de la Géométrie (0)
On
m'assura que Sésostris avait partagé l'Egypte
entre tous ses sujets,
et qu'il avait donné à chacun une égale
portion de terre en carré.
Hérodote
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Origines
connues de la géométrie
- Les
premières recherches connues de la géométrie
sont dues aux Egyptiens et aux Babylonniens (2000 ans avant notre
ère).
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Les inondations
périodiques du Nil obligeaient les arpenteurs égyptiens
à refaire chaque année le tracé des propriétés.
Les formules
utilisées étaient empiriques :
Ainsi l'aire d'un quadrilatère de côtés
a, b, c, d était donnée par
(a + c)/2 x (d + b)/2
Ce dernier résultat n'est en fait qu'une approximation.
La formule devient exacte pour un rectangle.
De même l'aire d'un triangle isocèle de côtés
a, a, b était donnée par
(a x b)/2. Formule qui est fausse dans tous les cas mais devient
une assez bonne approximation si le triangle isocèle
a un angle très aigu.
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Ces
informations proviennent d'un papyrus, appelé papyrus de Rhind
(manuel de calcul du scribe Ahmès) qui a été
daté de 1700 à 2000 ans avant notre ère.
- On
a cependant constaté que les Egyptiens connaissaient le volume
du tronc de pyramide et la surface de la sphère.
On a aussi retrouvé sur des tablettes babylonniennes (2000
avant notre ère) une série de problèmes se ramenant
à la résolution d'équations du second degré
et même d'équations bicarrées.
Géométrie
grecque
Les
connaissances mathématiques des Egyptiens et des peuples orientaux
parvinrent en Grèce à la faveur d'échanges commerciaux.
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La tradition
attribue à Thalès (600 ans avant notre ère)
l'introduction en Grèce de la géométrie
égyptienne.
Thalès
fut un précurseur surtout préoccupé de
problèmes pratiques (calcul de hauteurs de monuments
à l'aide d'un bâton et de la proportionnalité
des ombres).
La géométrie
grecque qui fut une réussite éclatante de la science
humaine en faisant preuve d'une ingéniosité exceptionnelle,
fut marquée par deux Ecoles : celle de Pythagore et celle
d'Euclide.
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- Géométrie
Pythagoricienne : Ecole de Crotone
Pythagore
fut un philosophe grec né à Samos vers 580
avant notre ère et mort vers 500 avant notre ère.
Il voyagea en Egypte et s'installa à Crotone en Italie
où il fonda une école célèbre.
Nous
devons à l'école de Crotone une nouvelle démarche
dans la recherche géométrique.
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A
cette époque les concepts de point, ligne et surface étaient
particuliers :
- Le point
n'était pas le point sans dimension, c'était un
être concret, appelé monade, matérialisé
par un grain de sable.
- La ligne était
alors une succession de monades dont le nombre donnait la mesure.
- Toutes les longueurs
étaient donc commensurables.
Le
théorème de Pythagore devait ruiner la géométrie
construite sur le concept de monade.
En effet si on considère un triangle rectangle isocèle
dont le rapport de l'hypoténuse sur le côté
de l'angle droit est m/n tel que m et n soient premiers entre
eux, le théorème permet d'établir :
m2 = 2 n2 d'où l'on tire que m est
pair (*1)
Soit
m2 est un multiple de 4
ainsi n2 est pair
donc n est pair!
ce qui est contraire à l'hypothèse que m et n sont
premiers entre eux.
Le fait de s'apercevoir qu'il existait des longueurs
incommensurables modifia fondamentalement la géométrie
de l'époque.
(*2)
- Géométrie
Euclidienne : Ecole d'Alexandrie
Fondée
en 331 avant notre ère par Alexandre le Grand, la
ville d'Alexandrie devint rapidement sous la protection
des Ptolémées, le centre intellectuel du monde
antique. Les mathématiques y furent particulièrement
travaillées et la célèbre Ecole mathématicienne
d'Alexandrie connut trois représentants exceptionnels
:
Euclide, Archimède et Appolonius. |
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Les
travaux de cette école débouchèrent sur une
œuvre qui pendant plus de 20 siècles servit de base
à toute étude géométrique : les Eléments.
Cette œuvre est composée de 15 livres dont 13 sont dus
à Euclide (300 avant notre ère).
Ces
13 livres traitent des figures géométriques, des polygones
inscrits et circonscrits à un cercle et leurs propriétés,
des proportions, de la similitude, de la géométrie
dans l'espace ainsi que de la théorie des nombres et des
incommensurables.
Voici un exemple extrait des Eléments dans le livre I, proposition
43.
Prenons un rectangle. Par un point quelconque de sa diagonale traçons
les parallèles à ses côtés.
Les
deux rectangles de chaque côté de la diagonale ont
la même aire.
-
Cliquer
Le résultat est identique avec des parallélogrammes
au lieu de rectangles.
-
Cliquer
Archimède
(287-212 avant notre ère) compléta les Eléments
par une étude très approfondie sur les cercles,
les sphères et les cylindres... Il donna un encadrement
du nombre PI :
3 + 10/71 < Pi < 3 + 1/7 soit 3.1408 < Pi < 3.1428
Avec l'étude des coniques par Appolonius
(200 avant notre ère) nous avons l'ensemble de la géométrie
élémentaire telle qu'elle était enseignée
il y a quelques années.
(*3)
Des
grecs jusqu'à nos jours
La
décadence grecque coïncide avec une longue période
de temps obscurs pour les mathématiques en général
et la géométrie en particulier... jusqu'au XVème
siècle début de la Renaissance.
Nous
pouvons, dans cette longue période d'immobilisme et presque de
régression scientifique retenir deux facteurs :
- La civilisation romaine
qui fit suite à la civilisation grecque était toute
portée vers la conquête militaire, l'administration
civile, l'acquisition de richesses et la construction de monuments
gigantesques, cela au détriment de la science et de l'humanisme...
En 529 (après J.C) l'Empereur romain Justinien, par sanction
d'un enseignement païen fit fermer les écoles d'Athènes.
-
La grande bibliothèque d'Alexandrie brula à plusieurs
reprises. (*4)
En
raison de l'unicité, du nombre et de la richesse des ouvrages
disparus, cela représente une perte considérable pour
l'humanité.
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Jusqu'au
XIIIème siècle seuls les Arabes et
les Hindous empêchèrent la régression scientifique
de prendre une ampleur qui aurait fait sombrer dans l'oubli
les merveilleux travaux des Grecs. Dans cette période,
en effet ce sont les savants de culture arabe qui sont les héritiers
de la Grèce et les promoteurs de la connaissance. Ce
sont eux dont les œuvres, une fois traduites en latin,
vont déclencher en Occident le grand mouvement de pensée
qui aboutit au brillant essor du XIIIe siècle.
Dès lors, ce sont les philosophes et les chercheurs des
pays de chrétienté, qui prennent l'initiative.
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Avec
la Renaissance et l'invention des presses d'imprimerie débuta
une période d'intense activité pour le développement
des sciences en général et des mathématiques
en particulier. Cette activité se poursuit jusqu'à
nos jours parfois ralentie par les guerres et les invasions.
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Jusqu'au
XVIIème siècle on admettait en gros que la géométrie
s'occupait des figures de l'espace et que l'algèbre s'intéressait
aux nombres.
En 1637 Descartes
associa ces deux notions en créant le concept de repère.
La géométrie analytique était née
! Elle apporta une richesse nouvelle aux mathématiques
en contribuant entre autres aux théories de Newton et
Leibniz pour aboutir à celle de la relativité
d'Einstein.
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Cantor,
Hilbert, Galois ainsi que bien d'autres apportèrent enfin
aux mathématiques une assise différente au XIXème
siècle, créant une nouvelle pensée,
un nouvel éclairage, dont les retombées de nos
jours sont connues sous le nom de Mathématiques Modernes...
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Aujourd'hui,
la géométrie fait souvent peur aux étudiants.
Pourtant elle procure des démonstrations magnifiques
et élémentaires.
Dans
"Richard Feynman
le mouvement des planètes autour du soleil
"
les
auteurs David Goodstein et Judith Goodstein reconstruisent pas
à pas la démonstration radicalement élémentaire
que Richard Feynman exposa le 13 mars 1964 au cours d'une "Guest
lecture" à Caltech.
Page 155 de cet ouvrage, les auteurs retranscrivent le plaisir
qu'éprouva Feynman en réalisant une telle démonstration
alors qu'il aurait pu utiliser des outils plus modernes et efficaces
mais beaucoup moins élémentaires :
"...pour
importe la démonstration géométrique, il
faut beaucoup d'ingéniosité. Mais une fois présenté,
c'est simple et élégant. Je veux dire c'est fini,
c'est tout.
... C'est très difficile, mais l'élégance
des démonstrations une fois que les découvertes
sont faites est vraiment magnifique.
La puissance de la méthode analytique, c'est qu'il est
beaucoup plus facile de découvrir les choses que de les
démontrer. Mais sans aucune élégance. Cà
gâche beaucoup de papier, avec des x et des
y et des simplifications et tout ce genre de choses... "
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NOTES
(*0)
Sources
La Science antique et médiévale sous la direction
de RENE TATON 1957 éditions PUF
Civilisation grecque d'Euripide à Alexandre de
André Bonnard 1991 éditions complexe
(*1)
On doit
à l'école de Crotone la démonstration :
"Si le carré d'un nombre a est pair, alors a est pair".
Soit (a2 pair => a pair)
(*2)
"Mesurer
une grandeur, c'est lui associer un nombre exprimant son rapport à
une autre de même espèce choisie pour unité"
MESURE = APPLICATION dans un ensemble de NOMBRES
m : a |----> m(a) telle que m(u) = 1
Ce nombre est entier
si la grandeur est multiple de l'unité; fractionnaire en cas
de commensurabilité; irrationnel dans les autres cas"
(*3)
Un des
six axiomes fondamentaux des Eléments :
"Le tout est plus grand que la partie ".
Au niveau des cardinaux des ensembles la situation changera...
Galilée (début XVIIème siècle) remarque
qu'il y a "autant" d'entiers pairs que d'entiers.
Ce paradoxe est utilisé par Dedekind et Cantor (1870) pour définir
les ensembles infinis.
(*4)
En 47 av. J.-C.,
au cours de la guerre civile entre Jules César et les partisans
de Pompée, un incendie détruisit la flotte égyptienne
et s'étendit à certains entrepôts de la bibliothèque,
anéantissant quelques 40 000 volumes.
Selon la légende, la bibliothèque d'Alexandrie fut détruite
par le feu à trois reprises :
par l'empereur romain Aurélien
en 272 av. J.-C.,
par l'empereur
Théodose Ier en 391
et par le calife
Omar Ier (v. 581-644) en 640.
(D'apès Encyclopédie Encarta 97)
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