Interprétations
trompeuses
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Publicités trompeuses, élections
surprises...
Faut-il se fier aux statistiques ? Les pourcentages sont-ils de
bons indicateurs ?
La
boule rouge
CLIQUER
Les
filles et les garçons
A
Eratoville 240 candidats des collèges Castor et Pollux
passent une épreuve de mathématiques.
Il y a autant de filles que de garçons. Les
deux collèges présentent autant de candidats
l'un que l'autre.
Dans chacun des deux collèges les garçons
ont un pourcentage de réussite qui excède de
20% celui des filles.
Pourtant le rectorat affirme que le succès général
à l'épreuve a été de 20 % meilleur
chez les filles.
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|
|
Pas
d'accord s'écrient les garçons, nous avons eu
dans les deux collèges des pourcentages de réussite
meilleurs de 20% sur les filles !
Pourtant ils ont tort, les filles sont bien les meilleures.
Pourquoi ?
|
Explication
L'un des deux lycées
a de meilleurs résultats et les filles y sont plus nombreuses
!
Voici les nombres d'élèves dans chacun des collèges
:
Collège
Castor |
Collège
Pollux |
|
Filles
|
Garçons
|
Filles
|
Garçons
|
Collés
|
30
|
2
|
18
|
70
|
Admis
|
70
|
18
|
2
|
30
|
TOTAL
|
100
|
20
|
20
|
100
|
Collège
Castor :
pourcentage de réussite des garçons 18 sur 20
soit 90%.
pourcentage de réussite des filles 70 sur 100 soit
70 %.
Collège Pollux :
pourcentage de réussite des garçons 30 sur 100
soit 30 %.
pourcentage de réussite des filles 2 sur 20 soit 10
%. |
Les
deux Collèges réunis :
pourcentage de réussite des filles : 72 sur 120 soit
60 %
pourcentage de réussite des garçons : 48 sur
120 soit 40 %
|
Finalement,
on peut dire tout à la fois :
"dans chacun des deux collèges les garçons ont réussi
avec 20% de mieux que les filles"
ou
"globalement les filles ont réussi avec 20% de mieux que les
garçons."
Publicités
Le
consommateur peut interpréter de façon erronée
une publicité :
+25% de produit
"donc 25% moins
cher !" interprète souvent le consommateur .
C'est inexact
.
En effet pour le même prix, nous avons maintenant
25% de produit en plus,
la quantité est donc multipliée par 1.25.
Par exemple pour 100 euros nous avons maintenant 1.25 fois plus
de produit.
Et chaque unité coûte donc (100/1.25 =) 80 euros
au lieu de 100 euros.
Pour 100 euros nous économisons 20 euros.
Nous payons donc 20% moins cher.
Notre interprétation n'est pas dans notre intérêt.
|
25% moins cher !
"donc 25% de produit
en plus !" interprète souvent le consommateur
.
C'est
faux, il en a plus !
Supposons que pour 100 euros nous avions d'abord 1 unité
de produit.
Maintenant le prix est multiplié par 0,75.
Pour 100 euros nous aurons donc (1/0.75) unité deproduit
soit à peu près 1.33 unité de produit
soit 33% de produit en plus.
Cette fois la publicité ne met pas le gain en valeur.
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Histoire
vraie
|
Le
vendeur propose à son client une voiture ayant servi
pour les démonstrations.
1-Il lui propose
donc une réduction de 20% sur le prix HT. La TVA est
de 18.6%
2-Voyant
ce dernier hésiter il décide de lui faire une
fleur et propose alors la réduction de 20% sur le prix
TTC au lieu de la faire sur le prix HT.
|
Très
heureux le client décide immédiatement d'acheter la
voiture.
Quel
rabais a-t-il obtenu ?
Solution
:
Il n'a absolument
rien obtenu !
En effet supposons que le prix initial Hors Taxe soit Peuros.
Après l'application de la TVA le prix est multiplié
par 1.186,
après la réduction le prix est multilplié par
0.80
Dans le cas 1- le prix
est P
x 1.186
x 0.80
Dans le cas 2- le prix est P
x 0.80 x
1.186
Finalement le prix est identique. L'acheteur s'est fait duper.
Elections
ou le paradoxe du vote
(1)
Les
élections ne sont pas mathématiques !
Prenons le cas où trois
candidats A, B et C se présentent. Supposons que deux tiers
des votants préfèrent A à B; que deux tiers des
votants préfèrent B à C. Alors le candidat A
n'a pas systématiquement plus de chance que les autres.
La relation n'est pas transitive : on peut avoir deux tiers des votants
qui préfèrent C à A.
Les élections ne sont pas logiques et peuvent donner des résultats
surprenants.
Minorité
gagnante
Kenneth Arrow prix Nobel d'économie
a démontré que : les préférences de la
majorité des électeurs peuvent être subverties
par des élections opposant plus de deux candidats.
Le marquis de Condorcet avait présenté ce problème qui s'est
longtemps appelé "paradoxe de Condorcet". Arrow partant de cette
base l'a généralisé en démontrant qu 'il ne pouvait y avoir de procédure
de choix collectif respectant des hypothèses qualifiées de démocratiques
( absence de dictateur , règle majoritaire etc ).
Prenons
l'exemple suivant qui montre comment une minorité peut gagner
.
Nous noterons A>B>C : 17 pour indiquer que les électeurs
préférant A à B et B à C sont au nombre
de 17%.
A>B>C
18 |
A>C>B
18 |
B>A>C
12 |
B>C>A
20 |
C>A>B
13 |
C>B>A
19 |
|
|
A |
B |
C |
Premier tour
|
18 + 18 = 36
ELU
( si c'est à majorité relative) |
12 + 20 = 32
|
13 + 19
= 32 |
Deuxième tour
(Cas où le candidat C
décide de se désister)
|
18 +18 +12 = 48
|
12 + 20 + 19 = 51
ELU
|
se retire |
Deuxième tour
(Cas où le candidat B
décide de se désister)
|
18 + 18 + 12 = 48 |
se retire |
20 + 19 + 13 = 52
ELU
|
Dans
cet exemple nous voyons que le candidat
A majoritaire
relativement sur une élection à 3 candidats, ne passera
pas lors d'un deuxième tour affrontant deux candidats.
Gagne
qui veut
Dans
(1)
on peut voir qu'il est possible
dans certains cas de s'arranger pour faire gagner chacun des candidats
dans une élection n'opposant que deux personnes à chaque
fois.
Voici l'exemple proposé :
C>A>D>B
17 |
A>B>D>C
32 |
D>B>C>A
34 |
B>A>C>D
17 |
|
Et
voici comment procéder, en 3 tours pour avoir :
A
vainqueur
1er
tour
|
B
contre C :
B gagne avec 83 votes (32
+ 34 + 17)
contre 17 pour
C.
|
2ième
tour
|
D
contre B :
D gagne avec 51 votes (34
+ 17)
contre 49 (32 + 17)
pour B.
|
3ième
tour
|
A
contre D :
A gagne avec 66 votes (17
+ 32 + 17)
contre 34 pour D.
|
|
|
B
vainqueur
1er
tour
|
A
contre D :
A gagne avec 66 votes (17
+ 32 + 17)
contre 34 pour D.
|
2ième
tour
|
B
contre A :
B gagne avec 51 votes (34
+17)
contre 49 (17 + 32)
pour A.
|
3ième
tour
|
B
contre C :
B gagne avec 83 votes (32
+ 34 + 17)
contre 17 pour
C.
|
|
|
C
vainqueur
1er
tour
|
D
contre B :
D gagne avec 51 votes (34
+ 17)
contre 49 (32 + 17)
pour B.
|
2ième
tour
|
A
contre D :
A gagne avec 66 votes (17
+ 32 + 17)
contre 34 pour B.
|
3ième
tour
|
C
contre A :
C gagne avec 51 votes (17
+ 34)
contre 49 (32 + 17
) pour B.
|
|
|
D
vainqueur
1er
tour
|
B
contre A :
B gagne avec 51 votes (34
+17)
contre 49 (17 + 32)
pour A.
|
2ième
tour
|
B
contre C :
B gagne avec 83 votes (32
+ 34 + 17)
contre 17 pour
C.
|
3ième
tour
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D
contre B :
D gagne avec 51 votes (34
+ 17)
contre 49 (32 + 17)
pour B.
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Et... puis il
y a la crédibilité des sondages...
Une
fois les échantillons bien choisis par les organismes adéquats
il faut encore faire confiance aux sondés...
De nombreux sondés consciemment ou non ne disent pas la vérité.
Connaissant certains résultats les statiticiens ont inventé
quelques techniques appropriées pour identifier et éliminer
les déformations dues au mensonge.
Les mathématiques peuvent venir au secours des enquêteurs
pour obtenir des réponses aux questions délicates et obtenir
la vérité.
Les
sondages...
Comment
les mathématiques déjouent le mensonge.
Il est des questions qui sont
assez indiscrètes et embarrassantes et certaines personnes
déforment leurs réponses. Ainsi si l'on demande à
quelqu'un s'il lui arrive de commettre de petits délits il
est difficile d'obtenir une réponse positive sachant que c'est
puni par la loi.
Aussi les sondeurs peuvent-ils utiliser un procédé astucieux
et mathématique qui demande seulement d'augmenter la taille
de l'échantillonnage.
Dans l'exemple, la taille de l'échantillon est multipliée
par 3.
L'enquêteur
dispose d'un sac contenant trois cartes qui seront tirées
au sort. Sur chacune des cartes une question est écrite.
1-
Sur la première carte Alpha est écrite la question
qui intéresse le sondeur.
2-
Sur une deuxième carte Béta est dessiné un
disque noir et la question est : y-a-t-il un disque noir sur la
carte ?
3-
Sur la troisième carte Gamma rien n'est dessiné,
il y a juste la question : y-a-t-il un disque noir sur la carte
?
L'enquêteur ignore bien entendu quelle carte est tirée.
La personne interrogée sait cela. Elle peut donc répondre
honnêtement et sans aucun risque donner sa réponse
car elle est la seule à connaître la question à
laquelle elle répond.
Comment interpréter les
réponses ?
Imaginons que l'enquêteur questionne 1500 personnes. Supposons
en outre que nous ayons à la fin du sondage 792 réponses
affirmatives. En moyenne le tirage au sort fait que 500 personnes
ont tiré la première carte, 500 la deuxième
et 500 la troisième. Sur les 792 réponses affirmatives
500 proviennent de la deuxième carte et il reste donc 292
réponses positives venant de la première carte Alpha.
Finalement
on peut raisonnablement estimer que 292 personnes sur 500 ont répondu
positivement à la question désirée.
Bien entendu la taille et le choix des échantillonnages sont
fondamentaux pour obtenir de bonnes statistiques.
Conclusion...
Il
vaut mieux savoir précisément de quoi on parle.
Ainsi on peut dire que dans chacun des collèges Castor et
Pollux respectivement les garçons sont meilleurs que les
filles. Cependant globalement les filles sont meilleures que les
garçons.
En politique comme en publicité, on peut facilement faire
dire ce que l'on veut aux pourcentages.
Tout dépend de la façon dont on les présente.
(1)
: DENNIS SHASHA les aventures extraordinaires du Dr Ecco editions
Emile Jacob
ROB EASTAWAY JEREMY WYNDHAM pourquoi les bus arrivent-ils toujours
par trois ? editions Flammarion
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