Le
merveilleux arc brisé en tiers-point,
hexagone régulier, étoile d'or et rectangle d'or
La
construction
Cette
construction m'a été proposée par Patrick
Garnier avec une question :
Cette construction est-elle,
- parfaitement rigoureuse ou bien
- juste une trè bonne approximation ?
Patrick Garnier (Provence-Alpes-Côte
d'Azur, qui étudie les tracés régulateurs
au Moyen-Âge et notamment les plate-tombes médiévales),
l'a mise en évidence suite à son étude sur
la plate-tombe (*)
de Hugues Libergier (cathédrale de Reims XIIIème
siècle) et notamment du compas de ce célèbre
maître d'œuvre de l'ancienne église Saint-Nicaise
à Reims.
Le départ de la recherche de Patrick Garnier fut tout d’abord
un petit dessin du carnet de croquis de Villard de Honnecourt
qui comportait cette légende écrite en vieux français
Picard: "voici comment l’on fait
trois manières d’arcs avec la même ouverture
de compas".
Ici,
il s’agit d’un plein cintre , d’un arc brisé
en tiers-point et d’un arc ogival.
Patrick s'interroge :
"On sait que Villard de Honnecourt est passé à
Reims ; a-t-il rencontré un Maître ?
Libergier peut-être ? connaissait-il ce compas ?
Il semble par ce dessin qu’il en suggère sa connaissance
et son implication géométrique …"
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Croquis de Villard de Honnecourt
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Animation
pas à pas ou automatique de la construction avec un arc brisé
en tiers-point
Cette animation traduit avec des moyens modernes une construction utilisée
par les bâtisseurs du Moyen-Âge.
Source: Hugues Libergier, architecte rémois (1229 - 1263), bâtisseur
de cathédrales.
J 'ai utilisé des arcs de cercle pour repérer les points
utiles (donc seulement le compas et la règle).
Les propriétés mathématiques de la construction
sont inchangées.
Cette construction permet de tracer un pentagone régulier en
passant entre autres par un hexagone régulier, ce n'est pas courant.
CLIQUER
Question
Pouvez-vous répondre à l'interrogation
de Patrick Garnier :
cette construction est-elle parfaite ou bien est-ce une très
bonne approximation ?
Obtient -on un pentagone régulier parfait à partir de
l'arc en tiers-point puis de l'hexagone régulier ?
Justifier la réponse.
Réponse
et démonstration
Retrouvez ce problème avec Diophante
sous le n° D1810.
La construction est parfaitement rigoureuse.
Soit r le rayon du grand cercle, prenons-le
comme unité de longueur.
Ainsi r = 1.
Φ
est le nombre d'or : .
Nous allons démontrer que
le rapport de la diagonale du polygone (AMPON) sur le rayon du cercle
circonscrit est .
Cette propriété prouve que le polygone est un pentagone
régulier avec la realtion :
MN / AM = Φ
.
Ceci démontrera que le polygone (AMPON) est un pentagone régulier
parfaitement construit.
La
démonstration est un peu technique et calculatoire...
Nous avons O1R = O1E =
2 O1O2.
GE = GF = r = 1.
Notons que GF est bissectrice de l'angle BFD = 60° et il s'ensuit
(avec le triangle isocèle FRG) que l'angle
FGO1 mesure 150°.
Calculons
JF
Comme O1R est le côté d'un triangle
équilatéral de hauteur GE = 1, nous déduisons
que :
O1R = O1E = O1J
= 2/ 3 et comme
O1G = O1R / 2 nous obtenons
O1G = /
3.
Avec
le théorème de Pythagore dans le triangle rectangle
GSM :
GM² = GS² + MS²
(relation *)
Par ailleurs, avec GT = r / 2 = 1 / 2 (car
G est centre de gravité du triangle équilatéral
FBD) :
GS = GT - h = 1/2 - (3 - )
/ 4= 1/2 - 3/4 +
/ 4 = ( -1 +
) / 4
GS = (
- 1 ) / 4
et GM = r = 1
Avec
la relation
* nous obtenons
MS² = GM² - GS² = 1 - (
(
- 1 ) / 4) ) ² =
1 - (5 +1 - 2)
/ 16 = 1 -
(6 - 2)
/ 16 = (5 + )
/ 8
MS²
=
(5 + )
/ 8 et cela implique
MS = ()
/ 2 et finalement
MN
= ()
|
C'est
ce que nous voulions démontrer, CQFD.
Nous avons un pentagone d'or parfait et la construction est rigoureuse.
La construction du rectangle qui suit respecte les rapports du rectangle
d'or. Elle est également rigoureuse et parfaite.
BRAVO aux bâtisseurs
du Moyen-Âge.
(*)
Le terme "plate-tombe" désigne généralement
un mobilier plat, servant à signaler la tombe d'un personnage
de haut rang dans une église. Support d’un symbolisme
profond, il est la marque d’un Moyen-Âge fort et ardent,
très strict aussi que l’on retrouvera de façon
constante jusqu’au début du XVème
siècle.
Il est souvent gravé ou sculpté d'une représentation
du défunt (debout ou gisant) accompagnée d'une épitaphe
mentionnant ses nom et qualité ainsi que la date de son décès.