Le
segment, le carré et l'infini...
"Le silence
éternel de ces espaces infinis me terrifie" – Pascal
Juste
avant les mathématiques "modernes", Cantor
et Dedekind
C'est
le 5 janvier 1874 que Cantor
pose le problème qui va ébranler toutes les mathématiques
avant qu'elles ne deviennent "modernes" :
"A propos des questions qui m'ont occupé ces derniers temps,
je m'aperçois que, dans cet ordre d'idées, se présente
aussi la suivante : est-ce qu'une surface (par exemple un carré,
frontière comprise) peut être mis en relation univoque
(en bijection) avec une courbe (par exemple un segment de droite extrémités
comprises), de telle sorte qu'à tout point de la surface corresponde
un point de la courbe, et réciproquement à tout point
de la courbe un point de la surface ?".
Le 20 juin 1877, Cantor adresse à Dedekind une démonstration
de ce résultat troublant : il existe une bijection entre le côté
d'un carré et l'intérieur d'un carré, c'est-à-dire
entre un objet de dimension 1 et un objet de dimension 2.
Le 25 juin, Georg Cantor lui envoie une nouvelle démonstration.
N'ayant pas de réponse immédiate, il écrit alors
le 29 juin ces phrases :
"Ce que je vous ai communiqué tout récemment est pour
moi si inattendu, si nouveau, que je ne pourrai pour ainsi dire pas
arriver à une certaine tranquillité d'esprit avant que
je n'aie reçu, très honoré ami, votre jugement
sur son exactitude. Tant que vous ne m'aurez pas approuvé, je
ne puis que dire :
" Je le vois, mais je
ne le crois pas ! "
Le 2 juillet 1877, Dedekind
répond enfin :
"
Cher ami, je suis entièrement convaincu par votre démonstration.
"
L'animation
pour comprendre
Il s'agit d'illustrer étape par étape le résultat
troublant établi par Cantor :
le segment et le carré ont autant de points l'un que
l'autre.
- Pour passer à une étape suivante, cliquer la flèche
droite en bas du cadre quand elle apparaît.
Dans certaines étapes, des pauses de une ou plusieurs
secondes sont normales et
permettent la lecture de commentaires affichés en
haut du cadre de l'animation.
- Il est possible, au cours de certaines étapes, de modifier
la vitesse de déroulement avec le curseur fléché
du bas de l'animation.
A la fin de l'animation, lors de l'étape 9,
on peut faire correspondre dynamiquement les points du segment avec
ceux de l'intérieur du carré.
Il suffit alors de déplacer avec la souris le point à
l'intérieur du carré ou le point du segment.
Les coordonnées et les points sont automatiquement mises à
jour.
Observer
alors la composition des décimales de chaque point. Des couleurs
facilitent la compréhension.
Cliquer
Le segment et le carré
ont autant de points l'un que l'autre.
Animation
permettant de voir d'emblée la bijection entre
les points de l'intérieur du carré et ceux du segment
Déplacer chacun des deux points à l'intérieur
du carré ou bien dans le segment.
Le point correspondant sera mis à jour de même que les
coordonnées colorées de chacun des deux points.
Cliquer
l'image
L’infini est
depuis toujours dans la tête des hommes sans pour autant qu’ils
arrivent à l’appréhender.
Dans ma page Zénon d’Élée,
nous voyons que déjà dans l'antiquité, Zénon
d’Élée présente une première
approche de l'infiniment petit par le biais d’un paradoxe.
Georg
Ferdinand Ludwig Philipp Cantor (3 mars 1845, Saint-Pétersbourg
– 6 janvier 1918, Halle) est un mathématicien allemand,
connu pour être le créateur de la théorie des
ensembles. Il définit les ensembles infinis et les ensembles
bien ordonnés.
Le travail de Cantor est d'un grand intérêt philosophique
(ce dont il était parfaitement conscient) et a donné
lieu à maintes interprétations et à maints débats.
Cantor a
été confronté à la résistance de
la part des mathématiciens de son époque.
Poincaré, bien qu'il connût et appréciât
les travaux de Cantor, avait de profondes réserves sur son
maniement de l'infini.
Les accès de dépressions récurrents du mathématicien,
de 1884 à la fin de sa vie, ont été parfois attribués
à l'attitude hostile de certains de ses contemporains.
Au
XXIe siècle, la valeur des travaux de Cantor n'est pas discutée
par la majorité des mathématiciens qui y voient un changement
de paradigme, à l'exception d'une partie du courant constructiviste
qui s'inscrit à la suite de Kronecker.
David Hilbert défenseur
de Cantor a affirmé : « Nul
ne doit nous exclure du Paradis que Cantor a créé.
».
Reproduction autorisée de Jean Pierre Petit, dans le Logotron,
page 18
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